To a T, la recensione del nuovo folle videogioco dell’autore di Katamari Damacy
Keita Takahashi, plus visionnaire que jamais, revient avec To a T, un jeu vidéo qui nous parle de handicap, de harcèlement et de girafes qui font des sandwichs.
En mettant en pause To a T, le nouveau jeu vidéo de Keita Takahashi, la première option qui apparaît à l’écran est celle de l’accessibilité. Ce n’est pas un choix anodin, car cette aventure colorée imaginée par le créateur fou de Katamari Damacy est avant tout une histoire qui parle de handicap et de discrimination. Elle a d’ailleurs été réalisée en collaboration avec AbleGamers, une association américaine dédiée à l’amélioration de l’accessibilité dans les jeux vidéo. 🤝
To a T, qui peut sembler un titre plutôt bizarre au premier abord, se révèle en fait parfait pour plusieurs raisons. La première est qu’il raconte l’histoire d’un enfant (en réalité sans genre, mais pour plus de commodité nous nous référerons à lui au masculin) bloqué dans la classique T-pose, la position par défaut des modèles tridimensionnels avant qu’ils ne soient animés. La deuxième raison est que l’expression anglaise "to a T" équivaut à notre expression "aller comme un gant", et dans le jeu vidéo il est souvent répété que son corps a une forme parfaite, sans aucun défaut. To a T, justement : ça lui va comme un gant. 🧤
Un jeu engagé 🗣️
La nature hybride de To a T, à mi-chemin entre jeu d’aventure et œuvre conçue pour sensibiliser contre le harcèlement et la discrimination, "va comme un gant" avec le type de production que Takahashi poursuit depuis des années, depuis qu’il a décidé de quitter Namco au début des années 2000. Au cours des deux dernières décennies, il a travaillé comme concepteur d’aires de jeux (déclarant que, selon lui, les enfants devraient passer moins de temps dans les espaces virtuels et plus à l’extérieur), a organisé des expositions et des installations, et a fondé avec sa femme Asuka Sakai, également artiste, compositrice et actrice, la société uvula, qui a réalisé To a T, publié ensuite par Annapurna. Le résultat est un pot-pourri d’idées, à mi-chemin entre une installation artistique et une aire de jeux, avec de nombreuses activités expérimentales et une volonté manifeste de sensibiliser à un sujet sensible. Un objectif qui l’honore, ambitieux, mais en accord avec un game designer au style unique, qui a démontré au fil des ans qu’il avait un goût bien à lui. Parfois même difficile à digérer. 🥴
Tu as la forme parfaite! 💖
Lorsque l’on commence To a T, il convient de relever immédiatement – et de beaucoup – la barre de la suspension d’incrédulité. Au cours des heures nécessaires pour terminer l’aventure, il faut être prêt à avaler sans trop de questions tout ce qui se passe à l’écran, y compris les ruptures absurdes du quatrième mur, la coexistence d’animaux en version anthropomorphe et non, les génériques d’ouverture et de fermeture des chapitres. Et tout cela n’est rien en comparaison de ce qui arrive dans les phases avancées du jeu vidéo, mais nous nous rendons compte que c’est déjà beaucoup. 😅
Notre Jeune (en majuscules car il s’agit du nom propre, en anglais c’est Teen, pour rappeler à nouveau la lettre T) protagoniste est un garçon de treize ans qui vit avec sa mère dans une ville côtière colorée. Comme mentionné précédemment, depuis sa naissance, Jeune est atteint d’une condition physique qui l’oblige à maintenir constamment une posture en forme de T. Avec les bras toujours ouverts, il a du mal à accomplir les tâches les plus simples comme se laver le visage, prendre son petit-déjeuner, se brosser les dents ou même simplement utiliser les toilettes. Heureusement pour lui, son fidèle petit chien est toujours prêt à l’aider lorsqu’il doit se changer ou interagir avec certains des objets de la maison. De plus, une maman très consciente de la condition de son fils a réalisé des ustensiles faits spécialement pour lui, qui lui permettent de vivre un quotidien difficile, certes, mais désormais bien établi. Dans les premiers moments de To a T, nous assistons aux échanges amusants avec la maman dans une langue inventée qui ressemble au simlish emprunté à The Sims. 😉
Dehors, cependant, les choses se passent différemment : Jeune est généralement apprécié des citoyens et des commerçants qui ont des kiosques dispersés dans tout le village, comme la girafe qui lui prépare chaque jour son goûter, mais à l’école il est pris pour cible par trois bullies qui se moquent de sa condition physique. 😠
Ainsi, Jeune semble de moins en moins enthousiaste à l’idée de suivre les cours. Même le bizarre chœur itinérant qui le suit partout jour et nuit (ne demandez pas…) ne parvient plus à le réjouir. Ils lui chantent que son corps est "to a T", c’est-à-dire de la forme parfaite, mais Jeune n’y croit plus. Jusqu’à ce qu’il se produise quelque chose d’extraordinaire et que le protagoniste de l’histoire comprenne que sa condition est la clé d’une capacité que lui seul possède. ✨
Un jeu plein d’artifices 🪄
À ce stade, il serait naturel de se demander : quel type de jeu vidéo est To a T ? Il s’agit d’une expérience très étrange, et personnellement j’ai passé une grande partie des heures nécessaires pour arriver à la fin de l’aventure à me poser la question en premier lieu, et à attendre que ce fameux déclic arrive qui permettrait à tout de trouver un sens. Peut-être en embrassant pleinement la nature ludique qui est toujours latente dans la suite de l’histoire. Malheureusement, ce moment n’arrive jamais. 😕
Jeune vit dans cette charmante ville côtière, très colorée et habitée par des enfants comme lui, de jeunes adultes qui se promènent dans le parc et s’assoient de temps en temps pour lire tranquillement le journal, et par une communauté d’animaux anthropomorphes, comme la très grande girafe qui prépare d’excellents plats à emporter. La ville est librement explorable et, pendant les déplacements (à pied ou sur un monocycle) il est possible de ramasser des pièces qui augmentent l’argent dans le porte-monnaie. Cette monnaie peut être dépensée dans les magasins pour enrichir les looks à disposition de Jeune. Il y a une boutique de vêtements, une de chaussures, un coiffeur, et quelques autres endroits où investir ses économies. Différentes girafes gèrent des kiosques alimentaires de sandwichs, glaces, pop-corn et épis de maïs grillés, et nous proposent souvent de parier quelques pièces dans de petits mini-jeux avec un prix à la clé. 💸
Voilà, To a T est un jeu vidéo fait d’artifices ludiques : le matin Jeune se réveille et dans la salle de bain nous pouvons bouger les sticks analogiques pour attraper la serviette ou la brosse à dents ; pendant que nous prenons le petit-déjeuner, avec les gâchettes nous donnons des instructions aux mains qui attrapent et versent le lait dans la tasse et ajoutent ensuite les céréales. À l’école, le professeur d’éducation physique nous implique dans des activités d’échauffement qui prévoient d’appuyer sur les touches au bon moment. Petites, brèves expériences dans la vie de Jeune. 🤏
Les chapitres de l’histoire, marqués par des ballons numérotés dispersés dans la ville, sont généralement narratifs, entrecoupés de mini-jeux ou de brefs déplacements. Dans les moments où nous est accordée une plus grande liberté, nous pouvons en profiter pour nous familiariser avec la ville, pour admirer ses géométries enfantines qui semblent sorties des petits tableaux naïfs de Katamari Damacy, ou pour converser avec les personnages qui l’habitent. Il y a une taupe DJ qui reste au parc à écouter de la musique, ou une grenouille qui travaille comme journaliste pour le journal local (et qui dans la traduction italienne s’appelle GiovanniRana, chapeau). Pendant la plus grande partie du temps, on vit de brefs épisodes, souvent dépourvus de but. On se perd dans un insensé tourbillon esthétiquement agréable, avant de revenir à l’intrigue principale. Et malheureusement, même là, les choses ne vont pas mieux. 🤷
Entre ninja, punk et rats bodybuildés 🥷🐀
Il est clair que nous n’avons pas l’intention de divulguer la trame narrative du jeu vidéo, mais disons que si les prémisses initiales sont surréalistes, l’histoire vire rapidement vers l’absurde et le non-sens le plus total, au point qu’il est difficile de la suivre. Même en voulant étirer au maximum la suspension d’incrédulité. D’un certain point de vue, cette dérive de plus en plus démente vers une narration qui sort de toute limite est une surprise qui vous arrache quelques rires ; de l’autre, il semble cependant perdre ces caractéristiques si humaines et bien insérées au début de l’aventure, et aussi cette délicatesse et attention qu’il réserve à des thèmes importants comme le handicap. Au début du jeu vidéo, lorsque nous sont montrées les difficultés que le protagoniste doit affronter, entre un monde qui ne semble pas fait à la mesure de sa condition et le harcèlement qui le frappe de manière impitoyable même dans une petite ville apparemment idyllique, nous ne pouvions pas imaginer les vols pindariques de la deuxième partie. Une dérive que nous avons accueillie un peu à contrecœur. 🙁
Tous les chapitres principaux de l’histoire sont introduits et conclus par un générique d’ouverture et un de fermeture, qui changent de manière diégétique pendant les événements et qui sont tout simplement incroyables. Écrits, d’ailleurs, par Takahashi lui-même. Dans les six heures nécessaires pour le terminer, To a T traverse de nombreuses phases, différents genres, sans pour autant parvenir à être convaincant, sans approfondir vraiment aucune mécanique ou présenter une idée ludique originale. Ce qui ressort, c’est surtout la sympathie des personnages, le beau message d’inclusivité et la réalisation délicieuse d’un monde qui se situe à mi-chemin entre les produits pour jeunes enfants et l’estro inimitable de Takahashi. Il faut cependant se demander à qui s’adresse vraiment To a T : à un public de très jeunes, pour lesquels cependant la boucle de jeu risque de se révéler peu stimulante, ou à un public plus adulte, désormais distant de ce type d’humour et de narration ? 🤔
Conclusions ✅
To a T est un jeu vidéo narratif avec une prémisse bizarre qui, au cours des heures nécessaires pour le terminer, devient de plus en plus insaisissable. Il veut être une aventure colorée et en même temps une histoire conçue pour sensibiliser sur le handicap du protagoniste, à travers de nombreux petits mini-jeux qui cherchent à nous faire vivre en première personne sa condition. Cependant, au fur et à mesure que la narration progresse, il prend une tournure surréaliste et s’éloigne beaucoup de son humanité. Même sur le plan ludique, le jeu vit d’expédients, de petites activités jamais vraiment approfondies. Ce qui reste, une fois terminé, c’est certainement son style unique, l’humour grossier et les fantastiques chansons que Takahashi a écrites pour les génériques de chaque épisode. 🎵
Avantages 👍
- Esthétiquement délicieux
- Un beau message d’inclusivité et de sensibilisation
- Les génériques d’ouverture et de fermeture sont fantastiques
Inconvénients 👎
- Gameplay peu profond qui vit d’expédients
- L’histoire perd de cohérence et d’humanité
- Semble devoir exploser d’un moment à l’autre, mais ne le fait jamais