Tenebris Somnia : Un Indie qui Mélange Survival Horror et Scènes Live Action
Un projet original venu d’Argentine : Tenebris Somnia, un survival horror à l’ancienne qui se double d’un film indépendant. 🎬
Écrit par Fabio Di Felice le 29/04/2025
Tenebris Somnia, un projet cross-média captivant
Difficile de trouver un concept original dans les jeux vidéo d’horreur aujourd’hui, n’est-ce pas ? 🤔 Certains y parviennent, en jouant avec les codes du genre et en y intégrant des éléments méta-référentiels inattendus. D’autres choisissent de s’appuyer sur les géants comme Silent Hill et Resident Evil, parfois avec des résultats appréciables. Puis, il y a Andres Borghesi et Tobias Rujan, qui ont une idée phénoménale : ils la proposent au studio argentin Sabot Studio, impliquent une production cinématographique avec des actrices comme Clara Kovacic et Yael Tesouro, en parlent dans un podcast, réalisent une démo. Et c’est ainsi que Tenebris Somnia devient réalité : une aventure 2D à l’ancienne qui est aussi un film d’horreur.
Et c’est vraiment le cas, car l’idée de Borghesi et Rujan finit par devenir cross-média : Julia et Ivan, les deux protagonistes du jeu vidéo, ont travaillé sur un court-métrage au titre macabre, Devora, qui, dans l’univers de Tenebris Somnia, a connu un certain succès auprès des passionnés. Mais Devora existe réellement : il a été tourné par la même équipe qui réalise les insertions live action de Tenebris Somnia et est actuellement en tournée dans les festivals de genre, où il rencontre un grand succès. Le monde virtuel et le monde réel se poursuivent déjà avant même de lancer Tenebris Somnia. 😮
Cette formule magique – comme dans la séquence qui réveillait le Nécronomicon dans Evil Dead – semble avoir donné à Tenebris Somnia tous les ingrédients nécessaires : il y a, en effet, une maison, un appartement qui était partagé, une histoire d’amour tourmentée et surtout deux mondes, matériel et immatériel, filmique et vidéoludique, qui parlent à travers l’écran et à travers la pellicule. 🎞️
L’Inquilino del Terzo Piano
Julia fait toujours le même cauchemar : d’horribles créatures font irruption dans l’appartement de son ex, Ivan, et le tuent. De plus, Julia n’a plus de nouvelles d’Ivan depuis un certain temps. Il ne répond même pas à son téléphone. 📞 Ainsi, il ne lui reste qu’une chose à faire : retourner dans ce vieil appartement qu’ils partageaient et dont elle a encore les clés, pour voir si tout va bien. Quand elle arrive, cependant, elle ne trouve pas Ivan : les fenêtres sont barricadées par des planches de bois clouées aux murs, l’affiche de Devora – le court-métrage qu’Ivan a tourné – est détruite, la porte du studio est scellée par un étrange symbole ésotérique et par une substance rouge, semblable à du sang caillé. Il n’y a aucune trace du garçon. Peut-être s’est-il enfermé dans cet étrange studio, mais Julia doit trouver le moyen de dissoudre la colle rouge qui le maintient fermé.
Au début, Tenebris Somnia s’inspire des aventures graphiques classiques en 2D : le style choisi pour représenter Julia et le monde qui l’entoure est un 8 bits très coloré, qui met bien en évidence chaque objet avec lequel interagir. On peut facilement le qualifier de rétro jusqu’à la moelle. Les musiques, toutes très entraînantes et délicieusement inquiétantes, sont également un voyage dans le temps jusqu’à Clock Tower. L’idée est très simple : on explore la maison, on combine des objets dans l’inventaire, on lit et relit de vieux livres qui contiennent des indices sur la façon de surmonter les quelques énigmes utiles pour entrer dans ce studio. Les combinaisons d’objets ne sont pas nombreuses. Tout est facile. Trop facile. 😕
Puis arrive le rebondissement inattendu : une fois entré dans le studio, l’appartement d’Ivan change. D’étranges symboles apparaissent sur les murs, le papier peint a une autre couleur. Les fenêtres ne sont plus barricadées, et à l’extérieur, une nuit sans lune a enveloppé le monde dans une obscurité totale. Et surtout, la porte de la maison est ouverte. Lorsque Julia essaie de sortir de l’appartement, en un éclair, le jeu vidéo change de peau et devient hyperréaliste. Il devient à tous les effets un film. 😨
La première fois que l’on vit ce passage, c’est déroutant, c’est comme faire un saut dans une dimension différente. Ce n’est certainement pas le premier film d’horreur récent à utiliser des séquences réelles (sans même trop forcer, le magnifique Immortality de Sam Barlow le faisait admirablement), mais c’est précisément le passage de l’esthétique stylisée à la réalité qui vous prend par les cheveux et vous redresse sur votre siège. L’effet de se sentir aspiré ailleurs est parfaitement réussi. La réalisation, le rythme et un imaginaire non banal aident certainement, pour une production vidéo qui est de grande qualité. 👍
La Nona Porta
Quel type de jeu vidéo devient donc Tenebris Somnia ? Il n’est pas facile de le dire, car il oscille à plus d’un titre entre l’aventure graphique et le survival horror. La première fois que l’on vous remet une arme à la main et que l’on découvre que l’on peut la brandir à droite et à gauche pour affronter les ennemis, cela fait même un étrange effet. Se souvenant de ces vieilles aventures où le personnage est désarmé, la première réaction lorsque l’on se trouve devant ces créatures inquiétantes qui ressemblent à des vampires est de penser que l’on doit s’échapper, avant de se rendre compte que Tenebris Somnia vous donne tous les outils pour vous défendre. Il est essentiel d’apprendre les mouvements des monstres, car, au fur et à mesure que l’on explore cet immeuble infesté, les ennemis à affronter sont de plus en plus nombreux. Heureusement, il suffit de peu de temps pour entrer en possession d’armes à feu. 🔫
Cependant, c’est le passage continu entre les deux mondes qui l’exalte. Le vivre la première fois n’efface pas la surprise de le retrouver, sans solution de continuité, toujours devant les yeux pour souligner les passages les plus magiques comme l’arrivée de nouveaux personnages ou de nouveaux monstres à affronter. Il y a même un moment où cet artifice est utilisé de manière très intelligente, lorsque l’on examine une vieille photographie et que le style graphique stylisé ne peut certainement pas rendre justice aux détails. Au moment où l’on s’approche de la photo, Tenebris Somnia glisse doucement du monde des pixels à celui en chair et en os, nous offrant une vision plus intime, plus précise, exploitant de manière exceptionnelle le passage. 😍
La démo de Tenebris Somnia est très courte, elle dure juste une demi-heure et ne donne même pas la possibilité de sauvegarder pour conserver les sauvegardes. Mais en ces trente minutes, elle présente déjà un caractère unique. C’est une horreur d’évocations, de dimensions qui se superposent, elle unit le grain rugueux et audacieux des productions indépendantes vidéoludiques et cinématographiques pour donner vie à un résultat qui a une voix bien à elle.
Tenebris Somnia est une expérience très intéressante : unir un survival horror 8 bits, avec une esthétique et une facture volontairement rétro, à une production cinématographique de niveau professionnel. Le résultat est un glissement continu entre deux mondes pour souligner les détails, les personnages, les rencontres, les créatures, en tenant toujours le joueur en haleine et en l’intrigant autant par le rythme que par le dialogue continu entre les dimensions. Il y a encore peu du jeu final, mais même ce fragment parle une langue bien à lui et raconte une idée très originale.
Points positifs :
- Ondule entre le virtuel et la réalité de manière parfaite. ✅
- Les insertions live action sont très bien réalisées. ✅
- Toute l’opération cross-média est intéressante. ✅
Points négatifs :
- Les affrontements avec les ennemis nous ont semblé trop simples. ❌
- L’équilibre entre survival horror et aventure 2D devra être dosé à la perfection. ⚖️